Dirigeant : 7 façons de prendre soin de soi quand on n’a pas le temps

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Lorsqu’on dirige une entreprise, il devient presque normal de s’oublier. La pression constante, les responsabilités multiples, les urgences à gérer, les décisions à prendre : tout semble passer avant soi. Pourtant, il y a un coût à cette mise entre parenthèses : fatigue chronique, perte de clarté, réactions excessives, sentiment d’étouffement…

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Coaching de dirigeants de PME et ETI

7 façons de prendre soin de soi pour un dirigeant
7 façons de prendre soin de soi pour un dirigeant

Le dirigeant qui ne prend pas soin de lui s’expose à un lent épuisement, souvent invisible jusqu’à ce qu’il devienne critique. Avoir du temps pour soi, ce n’est pas renoncer à ses ambitions, c’est leur donner une chance de s’inscrire dans la durée. 

Je vous propose de retrouver 7 pistes concrètes adaptées à un quotidien exigeant pour prendre soin de soi, et aussi quelques réflexions que la plupart des contenus bien-être n’osent pas aborder.

A la fin de cet article, je répondrai à plusieurs questions sur comment prendre soin de soi en tant que dirigeant

Intégrer le soin de soi dans la vision stratégique du dirigeant

Un dirigeant n’est pas une machine. Son état physique, mental et émotionnel impacte directement la qualité de ses choix, sa manière de diriger, et la santé de ses équipes. Pourtant, on continue à valoriser la posture du leader infatigable. Cette posture, valorisée à outrance, dans les milieux professionnels, est un leurre.

Le soin de soi est un acte de lucidité. Il ne s’agit pas de se retirer du jeu, mais de s’assurer qu’on est encore en mesure de le jouer avec justesse.
Agnes Menso, Coach professionnelle et Coach personnelle
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Exemple : une dirigeante d’une start-up dans la Tech a décidé de ne plus prendre de décisions importantes après 18h.

Cette seule mesure a amélioré la qualité de ses choix et réduit ses tensions internes.

Freins fréquents au soin de soi chez les dirigeants

  • « Je n’ai pas le droit de ralentir », 
  • «  Si je ne suis pas disponible, tout s’effondre », 
  • « Ce n’est pas prioritaire ».

Ces croyances révèlent une forme de sur-responsabilité. Les remettre en question, c’est ouvrir un espace nouveau pour diriger sans s’user. C’est aussi poser les bases d’une nouvelle posture : celle d’un dirigeant qui ne confond pas tension et engagement, ni épuisement et mérite.

Selon une étude de Malakoff Humanis (2023), 58 % des dirigeants déclarent être fatigués mentalement plusieurs fois par semaine, mais moins de 20 % prennent des mesures concrètes pour y remédier.

Malgré la prise de conscience croissante sur l’importance du bien-être, de nombreux dirigeants continuent d’adopter une posture sacrificielle, parfois inconsciemment.

Cette attitude repose sur des schémas mentaux anciens, souvent liés à l’image du leader infaillible. On se persuade que tenir, coûte que coûte, est une preuve de courage, alors qu’il s’agit parfois simplement d’une peur de décevoir ou de perdre la main. 

Ces freins intérieurs sont puissants car ils sont rarement interrogés. Les répéter jour après jour finit par créer une norme :

  • Celle d’une présence constante,
  • D’une vigilance permanente,
  • D’une abnégation érigée en valeur.

Il devient alors difficile, voire culpabilisant, de s‘autoriser un simple temps pour soi. C’est à partir de cette lucidité que les actions suivantes vont prendre tout leur sens. Les pistes qui suivent ne sont pas des recettes miracles, mais plutôt des points d’appui pour construire, progressivement, une manière plus saine et plus durable de tenir son rôle.

Apprendre à reconnaître la fatigue cognitive

Ce n’est pas parce qu’on avance qu’on va bien. La fatigue mentale ne se manifeste pas toujours par un besoin de dormir, mais par une perte de discernement, une baisse de la qualité relationnelle, une vision court-termiste. Les dirigeants y sont particulièrement exposés car leurs responsabilités exigent une attention soutenue, continue, souvent sous tension.

Prendre soin de soi, c’est donc commencer par reconnaître ces signaux faibles : irritabilité inhabituelle, décision réactive, perte d’enthousiasme. C’est aussi sortir de l’évitement, et admettre que l’on a besoin de se reposer, même quand la charge ne diminue pas.

Ralentir ne veut pas dire reculer

Dans les sphères dirigeantes, ralentir est souvent assimilé à une perte de vitesse, donc à un risque. Mais ralentir peut aussi être une manière de reprendre le contrôle. Faire une pause permet d’observer autrement, et surtout de se redonner de l’oxygène pour enfin respirer et sortir d’un environnement contraint. Se déconnecter temporairement, c’est se reconnecter à une vision plus large.

Les moments de pleine conscience et de respiration sont rarement ceux qui retardent une entreprise ; en réalité, ce sont ceux qui évitent les décisions hâtives, les conflits mal gérés, les orientations hasardeuses.

Exemple : un dirigeant d’agence a commencé à bloquer une heure par semaine pour penser, sans agenda.

Ce moment est devenu son meilleur outil de pilotage.

Alléger plutôt qu’ajouter

Savez-vous que le marché mondial du bien-être est estimé à plus de 4 900 milliards de dollars selon le Global Wellness Institute (en 2023) ?

Il deviendrait presque tentant de croire que chaque inconfort peut se résoudre à coups de solutions toutes faites :

  • Applications de méditation,
  • Compléments alimentaires,
  • Retraites spirituelles,
  • Objets connectés. 

Mais pour un dirigeant, le besoin fondamental n’est pas de consommer plus de bien-être, bien au contraire !

Son besoin, c’est de se créer des espaces réels de recentrage, loin de la performance permanente.

Le soin de soi ne s’achète pas : il s’organise, il s’assume, et il se protège.
Agnes Menso, Coach professionnelle et Coach personnelle
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La multiplication des stages de « digital detox » qui coûtent une petite fortune, des retraites express ou des programmes de bien-être formatés, tend à créer cette illusion de solution rapide.

Beaucoup y voient une manière de se recharger « vite fait bien fait », mais ces expériences ne transforment rien en profondeur si elles ne s’accompagnent pas d’un changement véritable de regard sur soi et ses pratiques, et d’une réintégration dans le quotidien. 

Le soin de soi n’est pas une parenthèse luxe hors du réel. C’est un travail lent, exigeant, souvent discret, et infiniment plus efficace quand il s’inscrit dans le concret du quotidien professionnel.

Voici ci-dessous 3 fausses bonnes idées :

– Chercher la solution miracle (stage / retraite, appli, …),
– Confondre pause et performance,
– Croire qu’un week-end de déconnexion règle une surcharge chronique (c’est un peu comme croire au Père Noël !)

Prendre soin de soi, ce n’est pas s’extraire du monde. C’est y revenir autrement : plus clair, plus stable, plus vivant.
Agnes Menso, Coach professionnelle et Coach personnelle
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Ne pas confondre disponibilité et présence

Être connecté, joignable, accessible en permanence est parfois (souvent ! ) perçu comme une preuve de leadership. En réalité, cette logique d’hyper-disponibilité est une impasse, car elle crée de l’éparpillement, empêche la concentration, et produit une relation dégradée à soi comme aux autres.

Être présent, vraiment présent, demande de la disponibilité interne. Elle ne s’obtient pas en restant collé à son téléphone, mais en se réservant des instants sans sollicitation, sans stimulation. Ce silence-là est productif, car il permet le retour à soi, et en soi.

S’autoriser à ne pas être performant partout, tout le temps

La pression silencieuse, souvent auto-imposée « je dois être un dirigeant exemplaire, un partenaire présent, un parent disponible, un ami fiable, tout en restant créatif, inspirant, stable, sans trop me plaindre » crée une tension permanente. 

Elle ne tient d’ailleurs que par la négation de soi.

Prendre soin de soi, c’est aussi accepter de ne pas tout assurer en même temps. C’est redéfinir ses priorités, saison par saison, en fonction de son actualité (et écologie) personnelles.

Prendre soin de soi, c’est accepter, que la solidité passe par la souplesse, et non par le contrôle total.
Agnes Menso, Coach professionnelle et Coach personnelle
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Définir une écologie personnelle

Une entreprise travaille son image, son identité, sa stratégie. Un dirigeant aussi devrait pouvoir travailler son écologie interne.

Cela commence par quelques questions simples : 

  • Qu’est-ce qui me nourrit vraiment ? 
  • Quelles sont mes sources d’épuisement invisibles ? 
  • De quoi ai-je besoin pour me sentir pleinement vivant dans mon rôle ?

Il n’y a pas de réponse unique. Mais il y a un cap : celui d’une façon de diriger qui ne vous éloigne pas de vous-même.

5 pratiques simples à tester cette semaine

Que diriez-vous d’essayer les 5 points ci-dessous ? Ce sont des idées, à vous de les adapter à votre quotidien. Si vous en faîtes 3, c’est bien. Zéro stress, zéro jugement, l’essentiel est de commencer… 

  • Commencer sa journée sans ouvrir ses mails durant 30 minutes,
  • Déjeuner seul, sans écran ni appel, une fois dans la semaine,
  • Bloquer un rendez-vous avec soi-même dans l’agenda (15 minutes suffisent),
  • Dire non à une sollicitation inutile, 
  • Noter en fin de journée ce qui vous a vraiment fait du bien

En 2022, une enquête de Bpifrance Le Lab montrait que 72 % des dirigeants de PME déclaraient avoir peu ou pas de temps pour se consacrer à leur bien-être personnel.

Prendre soin de soi n’est pas une option marginale pour les dirigeants. C’est une pratique de responsabilité, de long terme et de maturité. Ce n’est pas un acte individuel, mais un choix culturel, managérial et parfois politique. Ce n’est pas un temps volé à l’entreprise, c’est une manière de s’y engager autrement. Lucidement, durablement, humainement.

Ignorer cette dimension comporte un risque réel. En effet, selon une étude menée par OpinionWay en 2023 :

  • 1 dirigeant sur 3 déclare avoir déjà ressenti un début de burn-out,
  • Et 18 % affirment avoir connu un épisode d’épuisement professionnel sévère.

La surcharge mentale, lorsqu’elle devient chronique, affecte non seulement la santé, mais aussi la lucidité stratégique, la qualité des relations et la capacité à innover.

Le déni de ce besoin d’équilibre n’est pas une preuve de force, mais un facteur de fragilité. Le soin de soi n’est pas un luxe : c’est une ligne de défense, une condition de pérennité.

Vous êtes dirigeant et vous sentez que la tension devient votre état par défaut ?

Il n’est pas question ici de tout changer, mais de commencer à ajuster. En toute confidentialité, avec des outils adaptés à votre réalité.

Les réponses à vos questions sur prendre soin de soi quand on n’a pas le temps

Comment prendre soin de soi sans culpabiliser quand on dirige ?

Il faut sortir de l’idée que le soin personnel est un acte égoïste. Un dirigeant qui s’épuise devient un risque pour l’entreprise :

  • Ses décisions se durcissent,
  • Son jugement s’altère,
  • Ses relations se tendent.

En s’accordant du temps pour se régénérer, il reste en mesure d’agir avec discernement, de piloter avec recul et de préserver la cohésion autour de lui. La culpabilité s’efface dès lors que l’on reconnaît que le soin de soi est au service du collectif.

Est-il possible d’aménager du temps pour soi dans un agenda déjà saturé ?

Oui, mais cela suppose un changement de regard : il ne s’agit pas de libérer une demi-journée, mais de réhabiliter les moments disponibles dans le quotidien : quelques minutes entre deux réunions, un temps de silence au volant, un déjeuner sans sollicitation. Ce sont ces petits temps-là, comme des sas de sécurité, qui, cumulés, réduisent la tension et permettent de respirer, sans perturber l’organisation globale. La clé est dans l’intention, pas dans la durée.

Comment faire la différence entre décompression et fuite ?

La décompression vous permet de vous retrouver. Elle apporte du calme, du recul, une sensation de clarté. La fuite, elle, a tendance à vous disperser. Elle peut temporairement anesthésier la fatigue, mais elle ne règle rien. Pour distinguer les deux, observez ce que vous ressentez après :

  • Etes-vous plus clair, plus en lien avec vous-même ?
  • Ou simplement dérouté, encore plus vide qu’avant ?

Le soin de soi n’est pas une distraction, c’est un retour à l’essentiel.

Que faire si mon entourage professionnel ne comprend pas ma démarche de ralentissement ?

Il est courant que l’environnement professionnel valorise la réactivité constante et perçoive le ralentissement comme un désengagement. La clé est d’incarner soi-même un nouveau modèle de leadership, fondé sur la clarté, la présence et la maîtrise émotionnelle. En expliquant votre démarche, en montrant ses effets positifs (meilleure qualité d’écoute, décisions plus justes, climat d’équipe apaisé), vous ouvrez la voie à un changement de perception collectif.

Existe-t-il des outils simples pour évaluer mon niveau de surcharge ou de fatigue ?

Certains outils peuvent aider à objectiver votre état : un journal d’énergie hebdomadaire (évaluer chaque jour votre niveau d’énergie mentale et physique) ou des questionnaires comme le Maslach Burnout Inventory. Mais l’un des indicateurs les plus fiables reste votre niveau de patience, de recul et de plaisir au travail. Dès que ces trois indicateurs s’effondrent, il est temps de ralentir et d’ajuster.

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